Analyse des eaux usées et drogues : Une étude multicentrique européenne

Analyse des eaux usées et drogues : Une étude multicentrique européenne

Modèles de consommation de drogues illicites : variations géographiques et temporelles

L’analyse des eaux usées pour estimer la consommation de drogues dans une communauté est un domaine en développement, impliquant plusieurs disciplines scientifiques. Cette méthode, qui permet de surveiller en temps réel les tendances géographiques et temporelles de la consommation de drogues illicites, offre un aperçu précieux de la dynamique de la consommation de drogues à l’échelle urbaine et régionale.

Analyse des eaux usées en Europe

L’analyse des eaux usées a été réalisée dans environ 90 villes européennes en 2023, couvrant un large éventail de pays. Cette approche consiste à prélever des échantillons d’eaux usées dans les stations d’épuration pour mesurer les traces de drogues et de métabolites excrétés dans l’urine. Les résultats de cette étude révèlent des variations géographiques marquées dans la consommation de diverses drogues, avec une présence quasi généralisée de ces substances dans toutes les villes étudiées.

Dix-sept pays participant à la campagne de surveillance de 2023 comprenaient deux ou plusieurs sites d’étude (Autriche, Belgique, Chypre, Tchéquie, Allemagne, Estonie, Finlande, Italie, Lituanie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Espagne, Slovaquie, Slovénie, Suède et Turquie). L’étude a mis en évidence des différences entre ces villes au sein du même pays, qui peuvent s’expliquer en partie par les caractéristiques sociales et démographiques différentes des villes (universités, zones de vie nocturne et répartition par âge de la population). Fait intéressant, dans la majorité des pays avec plusieurs sites d’étude, aucune différence marquée n’a été trouvée en comparant les grandes villes aux plus petites pour toutes les substances.

Tendances de consommation

Cannabis

La consommation de cannabis reste élevée en Europe, avec environ 22.6 millions d’utilisateurs l’année dernière. Des études nationales estiment que près de 8% des adultes européens (âgés de 15 à 64 ans) ont consommé du cannabis au cours de l’année écoulée.

Cocaïne

La consommation de cocaïne demeure élevée dans les villes occidentales et du sud de l’Europe, avec des niveaux variables dans d’autres régions. En 2023, 49 des 72 villes ont signalé une augmentation des résidus de cocaïne par rapport à l’année précédente.

MDMA

Les taux les plus élevées de MDMA sont observées dans plusieurs pays européens, avec des niveaux plus faibles dans d’autres régions. En 2023, 42 des 69 villes ont enregistré une augmentation des résidus de MDMA par rapport à 2011.

Amphétamine et méthamphétamine

L’utilisation d’amphétamine et de méthamphétamine est répandue en Europe, avec des niveaux plus élevés dans certaines régions et des augmentations récentes dans plusieurs villes. En 2023, 26 des 65 villes ont signalé une augmentation des résidus d’amphétamine par rapport à l’année précédente, tandis que 15 des 67 villes ont signalé une augmentation des résidus de méthamphétamine.

Ketamine

Bien que la ketamine soit présente à des niveaux relativement faibles, une augmentation de son utilisation est observée dans certaines régions européennes. En 2023, 12 des 22 villes ont signalé une augmentation des résidus de ketamine par rapport à l’année précédente.

Utilisations et limites de l’analyse des eaux usées

L’analyse des eaux usées offre une méthode novatrice et complémentaire pour surveiller la consommation de drogues à l’échelle de la population. Cependant, elle présente également des défis méthodologiques et interprétatifs, notamment en ce qui concerne la sensibilité aux variations environnementales et la nécessité de calibrer les données avec d’autres indicateurs de consommation de drogues.

Principales conclusions de 2023

L’analyse des eaux usées représente un outil précieux pour comprendre les tendances de consommation de drogues à l’échelle urbaine et régionale en Europe. Malgré ses défis, cette méthode offre des informations précieuses pour guider les politiques de santé publique et les interventions de réduction des méfaits. Des efforts continus sont nécessaires pour améliorer les méthodes d’analyse et interpréter de manière plus précise les données recueillies.

Lire le rapport complet ici :

Partager ce contenu :

À ne pas manquer