Politique et pratique en matière de cannabis médical en Allemagne

Dr Franjo Grotenhermen 1

Politique et pratique en matière de cannabis médical en Allemagne

Qu’est-ce qui distingue l’approche législative de l’Allemagne en matière de cannabis médical des autres pays de l’UE

Le Dr Franjo Grotenhermen, médecin, auteur, défenseur, fondateur et directeur exécutif de l’Association internationale pour les médicaments cannabinoïdes (IACM) parle de la politique et des pratiques en matière de cannabis médical en Allemagne. Il est aussi fondateur et coprésident de l’Association allemande pour le cannabis comme médicament (ACM) ; et président de la Medical Cannabis Declaration (MCD), une organisation caritative qui se consacre à la promotion d’un accès sûr au cannabis médical et à une pratique clinique fondée sur des preuves.

Paysage actuel du cannabis en Allemagne, en examinant à la fois la politique et la pratique.

Depuis 2017, la loi allemande autorise tout médecin à prescrire des médicaments à base de cannabis, y compris des fleurs de cannabis, des extraits et des cannabinoïdes. Sous certaines conditions, les compagnies d’assurance maladie doivent couvrir les coûts de la thérapie. Selon la loi, les compagnies d’assurance maladie ne peuvent refuser une demande de remboursement que dans des cas exceptionnels.

Quels sont les principaux défis auxquels sont actuellement confrontés les patients qui espèrent avoir accès au cannabis en Allemagne ?

Le cannabis et les cannabinoïdes sont relativement chers en Allemagne : en moyenne, les fleurs de cannabis coûtent environ 23 euros par gramme. Comme les compagnies d’assurance maladie refusent très souvent de prendre en charge ces coûts, de nombreux patients ne peuvent pas se permettre la thérapie appropriée et sont contraints de continuer à recevoir des soins de manière illicite alors que leur médecin est en principe favorable à une thérapie à base de cannabis. Le prix élevé rend également le traitement à base de cannabis peu attrayant pour les médecins, car ceux-ci disposent d’un budget limité pour les médicaments qui, s’il est dépassé, peut conduire à ce que l’on appelle un recours – une pénalité. De ce fait, de nombreux patients ne trouvent pas de médecin disposé à leur prescrire du cannabis.

Les patients pourraient-ils bénéficier du droit de cultiver leur propre cannabis à des fins médicales ?

D’après le Dr Franjo Grotenhermen, cela résoudrait les problèmes mentionnés ci-dessus pour de nombreux patients et médecins. Nous l’exigeons depuis longtemps. Nous avions espéré que la loi de 2017 résoudrait mieux les problèmes ; cependant, après trois ans, il s’avère que la plupart des patients ne bénéficient pas de cette loi.

De nombreux médecins sont réticents à prescrire du cannabis en raison de la bureaucratie importante et du risque de recours. Comment le système pourrait-il être modifié pour faciliter la délivrance d’ordonnances, tout en préservant la sécurité des patients ?

Il existe essentiellement quatre possibilités :

  • Les médecins devraient être exemptés de tout recours lorsqu’ils prescrivent des médicaments à base de cannabis. Des exemptions similaires sont déjà en place pour la prescription d’autres médicaments très coûteux, par exemple dans le cas de maladies auto-immunes traitées avec des produits biologiques ;
  • Le coût du cannabis pourrait être considérablement réduit en Allemagne. Les mêmes variétés de fleurs de cannabis, qui coûtent 6 à 7 euros par gramme aux Pays-Bas, coûtent plus de trois fois plus cher en Allemagne. C’est tout à fait excessif ;
  • Les patients devraient être autorisés à cultiver leur propre cannabis s’ils peuvent présenter un certificat médical après qu’une thérapie au cannabis est nécessaire ; et
  • La décision de savoir si un traitement au cannabis est nécessaire doit être prise par les médecins, et non par les caisses d’assurance maladie.

Comment la politique allemande en matière de cannabis médical et récréatif va évoluer à l’avenir ?

La loi sur le cannabis médical, adoptée en 2017, a d’abord apporté des améliorations significatives. Comme la loi a été appliquée de manière de plus en plus restrictive, il y a eu des revers depuis lors. Toutefois, à moyen terme, la situation s’améliorera à nouveau. La pression des patients et du public sera trop forte pour accepter ces restrictions à long terme. En outre, les partis politiques, en particulier dans le domaine médical, sont de plus en plus nombreux à adopter une approche non trop restrictive du sujet.

Source : MCN

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