L’interdiction générale du CBD par la France devrait disparaître, selon un conseiller judiciaire de l’UE

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L’interdiction générale du CBD par la France devrait disparaître, selon un conseiller judiciaire de l’UE

La France doit réviser sa réglementation sur le chanvre si elle veut se conformer au droit de l’UE

L’interdiction générale de la France sur la commercialisation de tous les produits CBD dérivés du chanvre est contraire au droit de l’UE sur la libre circulation des marchandises, a déclaré jeudi un conseiller de la Cour de justice de l’Union européenne dans un avis juridique.

L’opinion de l’avocat général, si elle était suivie par la plus haute juridiction de l’UE, créerait un précédent contraignant et aurait un impact significatif sur l’industrie du CBD en Europe, ouvrant la voie à la contestation de dispositions similaires dans d’autres États membres de l’UE devant les juridictions nationales.

La décision de la Cour de justice sur cette affaire est attendue cet automne. Dans la grande majorité des cas, le tribunal suit l’avis de l’avocat général.

Dans ce cas, l’avocat général Evgeni Tanchev a écrit que la législation de l’UE sur la libre circulation des marchandises interdit à la France ou à tout autre État membre de l’UE d’interdire l’importation de CBD en provenance d’un autre État membre où cette huile est extraite de l’ensemble de la plante de chanvre.

La France autorise la culture du chanvre, mais limite les utilisations légales de la plante à ses composants en fibres et en graines.

«Si l’huile de CBD devait être considérée comme un stupéfiant, elle tomberait hors du champ d’application» des réglementations de l’UE sur la circulation des marchandises, a écrit Tanchev. “À mon avis, ce n’est pas le cas.”

Selon Tanchev, le tribunal français doit se prononcer sur la découverte ou l’étude d’un risque associé aux effets non intoxicants du CBD. Si le tribunal français devait conclure à l’existence d’un tel risque, une mesure alternative, par exemple, une limite maximale de la teneur en CBD, qui ne serait pas aussi restrictive pour la libre circulation des marchandises serait plus adéquate, a-t-il écrit.

L’affaire (Kanavape) est née d’un différend en France concernant la commercialisation d’un produit de CBD vape dont le contenu a été importé de la République tchèque.

Les deux entrepreneurs ont ainsi été accusés d’avoir utilisé toute la plante de chanvre pour récolter la quantité nécessaire de CBD pour leurs produits.

En effet, la France bénéficie d’une dérogation spécifique qui est rendue possible par le paragraphe II de l’article R. 5132–86 PHC. Il a été inséré dans la loi française par l’arrêté d’exécution du 22 août 1990 sur le cannabis qui autorise spécifiquement:

"la culture, l'importation, l'exportation et l'utilisation industrielle et commerciale (fibres et semences) de variétés de Cannabis sativa L. satisfaisant aux critères suivants: i) la teneur en delta-9-tétrahydrocannabinol de ces variétés ne dépasse pas 0,20% (ii ), la détermination de la teneur en delta-9-THC et le prélèvement d'échantillons pour cette détermination sont effectués conformément à la méthode de la Communauté européenne prévue à l'annexe […] »

L’ancien directeur de Kanavape Antonin Cohen et l’ancien codirecteur Sébastien Béguerie, qui a commercialisé l’e-cigarette, ont été reconnus coupables d’une infraction pénale par un tribunal de Marseille au motif que l’huile de CBD contenue dans les cartouches avait été extraite de toute la plante de chanvre, y compris les feuilles et fleurs.

Selon la loi française, seules les fibres et les graines de chanvre peuvent être cultivées, importées, exportées et utilisées à des fins industrielles et commerciales. Cela signifie que tous les produits CBD dérivés de la plante de chanvre entière sont interdits.

Qu’est-ce qui constitue une «utilisation industrielle et commerciale»? Dans quelle mesure la référence aux «fibres et graines» est-elle restrictive? La mention «fibres et graines» est-elle une simple expression pour différencier «chanvre pour fibre» (signifiant à usage commercial et industriel) de «cannabis pour drogues»? Et dans quelle mesure limite-t-elle l’utilisation de ces parties de la plante de chanvre?

Eveline Van Keymeulen, avocate basée à Paris chez Allen & Overy, qui représentait Cohen dans l’affaire CJUE, a qualifié cet avis “d’étape cruciale vers l’harmonisation réglementaire et la sécurité juridique indispensables pour l’industrie du CBD en Europe”.

«Cela obligerait non seulement la France à adapter sa législation afin de permettre la commercialisation du CBD extrait de l’ensemble de la plante de chanvre, mais pourrait également obliger d’autres régulateurs nationaux à (ré) examiner les restrictions existantes liées aux produits dérivés du chanvre à la lumière de la libre circulation des marchandises dans l’UE », a écrit Van Keymeulen dans un communiqué.

La Cour de justice de l’UE interprète le droit de l’UE pour s’assurer qu’il est appliqué de la même manière dans tous les pays de l’UE et règle les litiges entre les gouvernements nationaux et les institutions de l’UE.

“Une réglementation claire et proportionnée des produits à base de CBD bénéficiera à terme aux consommateurs européens”, a-t-elle ajouté.

L’affaire Kanavape avait été transmise au tribunal de l’UE par la cour d’appel d’Aix-en-Provence en France.

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