Le pourcentage de THC dans le sang n’est pas un indicateur fiable pour l’aptitude à conduire selon l’Institut national de la justice américaine

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Le pourcentage de THC dans le sang n’est pas un indicateur fiable pour l’aptitude à conduire selon l’Institut national de la justice américaine

Les tests de sobriété sur le terrain et les taux de THC ne sont pas des indicateurs fiables pour déterminer la capacité a conduire

Des chercheurs ont étudié la façon dont le THC affecte les aptitudes requises pour une conduite sûre et ont constaté que les niveaux de THC dans les fluides biologiques ne sont pas corrélés avec les résultats des tests de sobriété sur le terrain. Quelle que soit la façon dont le cannabis a été ingéré. Cette étude approfondie publiée par le ministère américain de la Justice a révélé que le pourcentage de THC dans le corps ne constitue aucune mesure de la capacité a conduire. Ceci est particulièrement intéressant surtout dans les pays comme la France ou la police utilise des tests de salive pour détecter le THC, et les résultats de l’étude annulent en fait la valeur de ce test. Des conclusions intéressantes qui contredisent le principe même des tests de THC dans des appareils comme mesure de la capacité de conduire.

Différences dans la détection de la présence de cannabis et sa quantification en fonction de la voie d’administration

Les lois relatives à la conduite sous l’influence du cannabis varient d’un état à l’autre , pourtant les états établissent des lois qui utilisent le niveau de delta 9 tétrahydrocannabinol dans le sang, l’urine où la salive comme déterminant. Cependant il existe peu de preuves du lien entre un niveau de THC et la conduite avec des facultés affaiblies, ce qui rend ces lois controversées et difficiles à appliquer.

Dans le but de mieux comprendre la présence de substances psychoactives et, en fin de compte, d’améliorer la législation, des chercheurs de RTI International, financés par le National Institute of Justice, ont étudié comment des doses spécifiques de cannabis et des méthodes d’administration (mangé ou vaporisé) affectent les niveaux de THC dans le corps et comment cela est corrélé avec la performance aux tests d’affaiblissement des facultés.

Les résultats de leur étude sur les dosages clinique ont montré que les niveaux de THC dans les biofluides des participants variaient en fonction à la fois de la dose et de la méthode de consommation. Il s’agissait également de comprendre à quel moment l’altération maximale était atteint pour quelle dose et d’examiner les performances aux tests. Par conséquent l’équipe de RTI a conclus que bien qu’il soit prouvé que le THC affecte les zones du cerveau qui contrôlent le mouvement, l’équilibre, la coordination, la mémoire et le jugement, c’est-à-dire les compétences requises pour conduire, les niveaux de THC dans les biofluides n’étaient pas des indicateurs fiables d’altération de ces facultés pour les participants.

Conception et résultats de l’étude sur le dosage du THC

Au cours de six sessions de dosage clinique en double aveugle, les chercheurs de RTI ont évalué comment l’administration orale et vaporisée de doses connues de THC affectait le comportement et la performance, ainsi que les tests toxicologiques médico-légaux d’échantillons de sang, d’urine et de fluide oral chez 20 participants à l’étude.

Chacun des participants a effectué les six sessions de dosage. Ils ont mangé des brownies au cannabis contenant 0,10 et 25 mg de THC et ont inhalé de la vapeur contenant 0,5 et 20 mg de THC. Les sessions de dosage étaient espacées d’au moins une semaine.

Effets cognitifs et psychomoteurs du THC

Les performances cognitives et psychomotrices des participants à l’étude ont été évaluées à l’aide de tests d’affaiblissement communs – dont aucun ne fait actuellement partie d’un protocole légal pour déterminer le degrés d’ivresse – avant et après l’administration du THC, notamment :

  • Test d’addition en série rythmée.
  • Test de substitution de symboles digitaux.
  • Test d’attention divisée.
  • Tâches 1 à 4 de l’application pour smartphone DRUID iOS.
  • Tests de sobriété standardisés sur le terrain pour détecter l’affaiblissement des facultés par l’alcool, y compris la station debout sur une jambe, la marche et la rotation, l’équilibre de Romberg modifié et le suivi des yeux pour le nystagmus et la réponse pupillaire.

Après la prise de THC, les participants à l’étude ont déclaré ressentir des effets accrus avec l’augmentation des doses de cannabis. Ces effets subjectifs ont culminé en moyenne trois à cinq heures après l’administration orale et zéro à une heure après l’administration par vaporisation.

Les fonctions cognitives et psychomotrices des participants à l’étude ont été affectées négativement après toutes les doses de cannabis administrées par voie orale ou par vaporisation, à l’exception de la dose la plus faible, qui contenait 5 mg de THC.

Pour les doses de THC supérieures à 5 mg, les effets cognitifs et psychomoteurs les plus marqués ont été observés entre zéro et deux heures après l’administration et sont revenus aux valeurs de base après quatre heures.

Pour les doses de THC administrées par voie orale, les effets cognitifs et psychomoteurs ont été observés une heure après l’administration et le pic des effets a été observé environ cinq heures après l’administration. Les fonctions cognitives et psychomotrices des participants sont revenues au niveau de base huit heures après l’administration orale.

Les chercheurs ont indiqué que les tests de la station debout sur une jambe, de la marche et de la rotation, et de l’équilibre modifié de Romberg n’étaient pas sensibles à l’intoxication au cannabis pour aucun des participants à l’étude.
Tester les biofluides pour le THC

Des échantillons de sang, d’urine et de liquide oral ont été prélevés sur les participants à l’étude avant l’administration du cannabis, puis presque toutes les heures pendant huit heures après l’administration. Les chercheurs ont envoyé tous les échantillons de fluides biologiques à des laboratoires commerciaux de toxicologie légale pour qu’ils soient analysés pour le THC ainsi que pour les composants non psychoactifs du cannabis, le cannabidiol et le cannabinol.

Les résultats des tests toxicologiques ont montré que les niveaux des trois composants ciblés du cannabis (THC, cannabidiol et cannabinol) dans le sang, l’urine et les fluides oraux n’étaient pas corrélés avec les mesures de déficience cognitive ou psychomotrice pour l’administration de cannabis oral ou vaporisé.

Conclusions et implications pour l’application de la loi

RTI a conclu que, pour leur étude de dosage, les niveaux de THC dans le biofluide n’étaient pas des indicateurs fiables pour déterminer si le cannabis rend inapte a la conduite. Un grand nombre des participants à leur étude présentaient une diminution significative des fonctions cognitives et psychomotrices même si leur sang, leur urine et leur fluide oral contenaient de faibles niveaux de THC. Les chercheurs ont également observé que les tests standardisés de sobriété sur le terrain couramment utilisés pour détecter la conduite sous l’influence de drogues ou d’alcool n’étaient pas efficaces pour détecter le niveau de “toxicité” du thc.

Les chercheurs de la RTI espèrent que leurs travaux contribueront à l’élaboration de politiques relatives à l’affaiblissement des facultés par le cannabis et à la conduite sous l’influence de drogues ou d’alcool.

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