Les effets de l’exposition aux cannabinoïdes pendant la grossesse

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Les effets de l’exposition aux cannabinoïdes pendant la grossesse

Selon une recherche française, l’exposition au cannabis pendant la gestation impacte la sociabilité chez les descendants mâles

L’hôpital de la Conception à Marseille révèle que plus de 10% des 500 patientes interrogées reconnaissent fumer du cannabis pendant leur grossesse. La question de savoir s’il est prudent de continuer de consommer du cannabis pendant la gestation. L’inserm vient de trancher sur la question. Cette nouvelle étude française dévoile que les effets du cannabis se transmettent en cas de gestation, et à un impact sur la sociabilité des rats mâles.

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Consommer du cannabis pendant la gestation

Des chercheurs de l’Inserm et de l’Université d’Aix-Marseille révèlent dans une étude chez le rat que l’exposition prénatale aux cannabinoïdes a des effets spécifiques sur les descendants adultes. Selon cette étude publiée dans eLife,  et menée au sein de l’Institut de Neurobiologie de la Méditerranée, suggère que l’usage de cannabis pendant la grossesse peut entraîner chez les descendants mâles une diminution de la sociabilité, et un accroissement de l’excitabilité neuronale. Olivier Manzoni, directeur de recherche de l’Inserm à Marseille.

“Quand on expose des rates au cannabis, celui-ci traverse le placenta. On a observé des modifications du comportement sur les petits de ces animaux à l’âge adulte. On a observé une diminution des interactions sociales qui se traduit par une diminution des comportements de jeu et des interactions entre les différents frères et sœurs de la portée. Chez l’être humain, ce type de diminution d’activité sociale correspond à un désengagement de la vie sociale. “

Leurs résultats ont révélé que les rats mâles exposés in utéro aux cannabinoïdes étaient moins sociables que les animaux normaux. Ils passent moins de temps à interagir avec leurs congénères. En outre, leurs comportements sociaux semblent altérés, alors que le nombre d’attaques entre mâles demeure inchangé…

Aucun effet observé chez les femelles

Les chercheurs constatent que les mâles exposés présentaient une excitabilité accrue des neurones pyramidaux du cortex préfrontal. Ainsi donc, une disparition de la plasticité synaptique normalement transmise par le système endocannabinoïde. En outre, on a observé aucun de ces effets chez les rates… La co-première auteure et doctorante Anissa Bara, nous indique :

« Les effets délétères de l’exposition prénatale aux cannabinoïdes sur le comportement social étaient spécifiques aux descendants mâles uniquement

« Toutefois, si l’interaction sociale était spécifiquement altérée chez les mâles, les fonctions locomotrices, l’anxiété et la cognition restaient identiques chez les rats mâles et femelles. Ceci suggérant des conséquences comportementales spécifiques au sexe. »

Normaliser les anomalies comportementales

Les résultats ont également révélé que l’expression du gène mGlu5 – un effecteur du système endocannabinoïde dans le cortex préfrontal – était réduite chez les mâles exposés in utéro aux cannabinoides. En outre, l’équipe a découvert que l’amplification de la signalisation via mGlu5 pourrait permettre de normaliser cet état. Et, tout simplement par une activation des récepteurs cannabinoïdes de type 1 (cb1). De même, des tests ultérieurs ont également permis de mettre en évidence que l’augmentation du taux d’anandamide chez les mâles permet de restaurer des comportements sociaux normaux via le récepteur cb1.

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« Dans leur ensemble, ces résultats prouvent sans équivoque les effets spécifiques au sexe d’une exposition prénatale aux cannabinoïdes.»

Cependant les femelles ne sont pas vraiment épargnées par l’exposition utérine au cannabis. Ainsi, les chercheurs ont observé d’importantes modifications de l’expression des gènes de protéines synaptiques chez les femelles exposées. Mais, les corollaires fonctionnels et comportementaux de ces modifications manquent d’identification… LA co-première auteure Antonia Manduca, également chercheuse postdoctorale de l’Inserm à l’Institut de neurobiologie de la Méditerranée, conclut :

« Le fait que l’amplification de la signalisation mGlu5 et l’augmentation du taux d’anandamide permettent d’inverser, chez le rat, les effets négatifs d’une exposition précoce laissent également entrevoir la possibilité d’une nouvelle stratégie pharmacologique qui pourrait un jour faire l’objet d’essais chez l’homme. »

L’ensemble des recherches scientifiques sur le cannabis médical

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