Les bactéries de l’intestin jouent un rôle dans le système endocannabinoïde

neurogenese et BACTERIES DE LINTESTIN

Les bactéries de l’intestin jouent un rôle dans le système endocannabinoïde

Etude de l’Institut Pasteur : L’effet du microbiote intestinal sur les comportements dépressifs est médié par le système endocannabinoïde

Une étude menée en 2005 par l’Université de la Saskatchewan au Canada avait deja brisé le mythe. Aujourdhui, les chercheurs de l’Institut Pasteur ont découvert que les changements dans la population bactérienne de l’intestin entraînent une baisse des niveaux d’endocannabinoïdes et une dépression chez les souris. Le microbiote influence les comportements dépressifs et la neurogenèse. Autrement dit, les bactéries de l’intestin jouent un rôle dans le système endocannabinoïde et le fonctionnement du cerveau.

Cela pourrait être la voie, au moins en partie, qui relie la dysbiose du microbiote aux troubles de l’humeur, qui à leur tour, peuvent affecter la composition du microbiote intestinal par des ajustements physiologiques et une modulation du système immunitaire.

Dans la présente étude, les chercheurs ont exploré les mécanismes par lesquels la dysbiose du microbiote intestinal contribue aux dysfonctionnements cérébraux et aux anomalies comportementales associées aux états dépressifs. Le stress chronique est reconnu comme un facteur de risque majeur de dépression et la plupart des modèles animaux de comportements dépressifs reposent sur le stress chronique ou la manipulation des circuits cérébraux sensibles au stress. En utilisant l’UCMS comme modèle murin de dépression, nous avons montré que, lors de la transplantation à des hôtes naïfs, le microbiote de souris UCMS réduisait la neurogenèse hippocampique adulte et induisait des comportements dépressifs.

L’étude soutient le concept selon lequel les interventions diététiques ou probiotiques pourraient être des leviers efficaces dans l’arsenal thérapeutique pour lutter contre les syndromes dépressifs associés au stress

En termes scientifiques, les données montrent que la dysbiose du microbiote induite par un stress chronique affecte le métabolisme lipidique et la génération d’eCB, entraînant une diminution de la signalisation dans le système eCB et une réduction de la neurogenèse adulte dans l’hippocampe. 

Les scientifiques ont découvert que les changements de la population bactérienne dans l’intestin provoqués par un stress chronique peuvent entraîner des comportements dépressifs chez les souris. Cependant, ils ont également découvert que l’ensemble du processus se modère par le système endocannabinoïde et les récepteurs cannabinoïdes qui sont la principale cible du THC.

Dans la nouvelle étude de l’Institut Pasteur de Paris, en France, les chercheurs ont voulu découvrir comment un déséquilibre des billions de bactéries dans l’intestin joue un rôle dans le fonctionnement du cerveau et la régulation de l’humeur.

Les cellules bactériennes dans le corps sont dix fois plus nombreuses que les cellules humaines et la plupart d’entre elles vivent dans l’intestin. La recherche a de plus en plus montré que le microbiote intestinal sain contribue au fonctionnement normal du cerveau.

“La dépression est la principale cause d’invalidité dans le monde. Des observations récentes ont révélé une association entre les troubles de l’humeur et les altérations du microbiote intestinal”, peut-on lire dans la nouvelle étude.

Le microbiote intestinal fabrique environ 95 % de la sérotonine, l’hormone clé qui stabilise notre humeur, selon l’Association américaine de psychologie.

illustration-1024x586 Les bactéries de l'intestin jouent un rôle dans le système endocannabinoïde

Le microbiote influence les comportements dépressifs et la neurogenèse

Chez les souris exposées à un stress chronique, les chercheurs ont découvert que les niveaux perturbés de microbiote intestinal entraînaient une réduction des métabolites lipidiques, également connus sous le nom d’endocannabinoïdes. Cela a conduit à une absence d’endocannabinoïdes dans l’hippocampe, une région clé du cerveau impliquée dans la formation des souvenirs et des émotions, et a entraîné des comportements de type dépressif.

Les scientifiques ont recueilli ces résultats en étudiant les microbiotes intestinaux de souris saines et de souris souffrant de troubles de l’humeur.

“Il est surprenant de constater que le simple transfert du microbiote d’un animal souffrant de troubles de l’humeur à un animal en bonne santé a suffi pour provoquer des changements biochimiques et conférer à ce dernier des comportements de type dépressif”, explique Pierre-Marie Lledo, auteur de l’étude et responsable de l’unité Perception et mémoire de l’Institut Pasteur.

Les chercheurs ont identifié certaines espèces bactériennes qui ont été significativement réduites chez les souris souffrant de troubles de l’humeur. L’une d’entre elles est L. plantarum, que l’on trouve couramment dans de nombreux aliments fermentés. Les scientifiques ont découvert qu’un traitement oral de cette bactérie rétablissait des niveaux normaux d’endocannabinoïdes et atténuait les comportements de type dépressif chez les souris.

L’utilisation de bactéries spécifiques pourrait être une méthode prometteuse pour restaurer un microbiote sain et traiter plus efficacement les troubles de l’humeur, selon les chercheurs.

L’étude suggère que ces bactéries pourraient servir d’antidépresseurs, dans des traitements connus sous le nom de psychobiotiques. Toutefois, des recherches supplémentaires et des essais cliniques sur l’homme sont nécessaires pour étayer ces affirmations.

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