L’Albanie envisage de légaliser le cannabis médical

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L’Albanie envisage de légaliser le cannabis médical

L’Albanie pourrait légaliser le médical et le chanvre industriel uniquement pour l’exportation

Le gouvernement albanais a annoncé, jeudi 30 juin, le projet de légaliser la culture du cannabis médical et du chanvre industriel pour les entreprises qui ont une telle expérience dans les pays européens. Le projet de loi établit une agence nationale pour le contrôle et la surveillance de la culture et de la transformation de la plante de cannabis à des fins médicales et industrielles et de la production de ses sous-produits.

L’Albanie pourrait rejoindre la liste des pays européens qui ont légalisé la culture du cannabis médical et du chanvre industriel. Cependant, la culture, la production et le commerce seront destinés à l’exportation uniquement.

Le projet de loi autoriserait la production de cannabis médical et de chanvre industriel pour un maximum de 150 hectares de terrain à partir de 2023. Le Conseil des ministres délivrerait des licences pour la production de cannabis pour une durée de 15 ans avec un droit de renouvellement.

Les entreprises de cannabis qui souhaitent opérer dans les secteurs du cannabis médical et du chanvre industriel en Albanie doivent montrer qu’elles ont un capital supérieur à 86000 dollars, employer au moins 15 personnes et payer une taxe de 1,5% du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise. Mais le plus important dans ce projet de loi est que la culture, la production et le commerce du cannabis médical et du chanvre industriel seront réservés à l’exportation.

Cela signifie que les patients n’auront pas accès aux traitements à base de cannabis médical et que les entreprises locales ne pourront pas bénéficier des nombreuses utilisations du chanvre industriel.

Le projet de loi est actuellement soumis aux commentaires du public sur le site de consultation publique, après quoi il sera transmis au Parlement. Les blocs d’opposition politique ont critiqué le projet de loi proposé par le Premier ministre albanais Edi Rama.

Le député de l’opposition Enkelejd Alibeaj a qualifié cette initiative de “folie” dans un message publié sur Facebook, car la légalisation faciliterait la production de cannabis à des fins de trafic sous couvert d’usage médical. Alibeaj a accusé le projet de loi de ne profiter qu’aux amis et alliés de Rama.

“Les critères et procédures définis dans le projet de loi précisent que les licences pour cette activité ne profiteront qu’aux amis et alliés de Rama. Chacun sait que dans un pays où la criminalité et la corruption sont au plus haut niveau, garder cette activité sous contrôle est impossible”, a-t-il écrit.

https://www.forbes.com/sites/dariosabaghi/2022/07/11/albania-may-legalize-export-only-medical-cannabis-and-industrial-hemp/?sh=a024d2d4cccf

Alibeaj a notamment évoqué le cas de Saimir Tahiri, ancien ministre de l’Intérieur sous le cabinet de Rama. Tahiri a été condamné en 2022 à trois ans et quatre mois de prison parce qu’il a facilité le trafic de drogue pour un groupe criminel par son inaction et a reçu des cadeaux de ses membres pendant son mandat.

L’annonce du projet intervient quelques jour après que l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) est classé l’Albanie au septième rang sur 154 pays pour la culture et la distribution de cannabis dans son rapport mondial sur les drogues en 2022.

Le pays des Balkan est connu pour être la plaque tournante du trafic de stupéfiant. Le pays sert notamment de centre de tri pour l’héroïne provenant des pays de l’Est pour être acheminée vers l’Europe.

En outre, l’Albanie est considérée comme l’un des plus grands producteurs extérieurs de cannabis illégal en Europe, malgré les efforts ruineux du gouvernement pour réduire sa culture.

Selon l’Institut italien d’études politiques internationales (ISPI), le crime organisé albanais a mis en place l’une des plus grandes cultures de cannabis en plein air d’Europe pendant plus de deux décennies. Ainsi, le village de Lazarat et la région montagneuse de Dukagjini sont devenus les symboles de la culture du cannabis dans le pays.

Bien que la police ait saisi des tonnes de cannabis et des milliers de plants dans ces deux endroits en 2014, le commerce illégal continue d’augmenter à tel point qu’en 2016, l’Albanie a assisté à une propagation sans précédent de la culture du cannabis dans tout le pays.

Les forces de l’ordre ont intensifié leurs efforts contre le phénomène, ramenant les taux de culture à des niveaux historiquement bas au cours des cinq dernières années, mais les gangs du crime organisé ont diversifié le trafic de drogue en se concentrant sur la cocaïne.

Le cannabis récréatif est illégal en Albanie, et il a été inclus dans la liste des substances contrôlées par la loi sur les substances narcotiques et psychotropes établie en 1994. Par conséquent, la culture, la production, le commerce, la possession et le don sont strictement interdits.

Le cannabis médical est également interdit dans le pays. Les médecins ne sont donc pas autorisés à le prescrire pour des raisons de santé, et le projet de loi annoncé il y a deux semaines ne changera rien à la situation actuelle.

Selon une enquête récente, 308000 citoyens albanais ont voté en faveur de la légalisation du cannabis médical, tandis que 148000 ont voté contre et 51000 n’avaient pas d’opinion sur la question. Cependant, la décision de légaliser le cannabis médical et le chanvre industriel semble plus être une décision purement économique qu’un effort supplémentaire pour combattre ou contenir le crime organisé.

En accordant des licences à des entreprises disposant de capitaux, le projet de loi n’est probablement pas de nature à réduire le commerce illicite. En outre, une telle législation uniquement axée sur les entreprises destinées à l’exportation priverait les Albanais du cannabis médicinal et du chanvre industriel.

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