La marijuana à Seattle : Où s’appliquent les limites fédérales, étatiques et municipales?
Les lois ont toujours visé les pauvres et marginalisés. En témoigne le cas de la ville de Seattle, une des premières villes à avoir légaliser le cannabis thérapeutique.
Marginalisation des dispensaires & des patients
Depuis 1998 et la légalisation du cannabis thérapeutique, des centaines de points de vente se sont créés pour les malades. Plus tard la légalisation de la marijuana récréative fut légale à Seattle en 2012, mais la première chose qu’on ressentait quand on rentrait dans une officine c’était la contrainte, et la restriction. L’endroit est étroitement surveillé par plusieurs videurs, l’identité e strictement vérifiée via un contrôleur numérique; une identité qui note tout les achats clients du patient ou du consommateur. Ce qui est beaucoup plus strict et contraignant que la simple identification visuelle à la manière d’un barman ou d’un videur classique.
« Pour rassurer les magasins détaillants de marijuana, les dispensaires vérifieront la preuve de l’âge de chaque personne entrant dans le centre avec un module de balayage électronique d’identification. Un module de balayage électronique d’identification est un dispositif qui est capable de rapidement confirmer la validité d’une identification sur notre réseau informatique » A l’intérieur des officines l’accueil est plus amical, mais gouter aux échantillons est strictement interdit; nulle part il est permis de fumer publiquement du cannabis. Bien souvent les patients se retrouvent quelques blocs plus loin, dans un parc et parfois sur le trottoir à la vue du voisinage. Le seule endroit sûr étant sa propre maison ou celles d’un ami.
A l’été 2015, il restait 120 dispensaires thérapeutiques à Seattle, coexistant avec les nouveaux pot shops récréatifs. Désormais seules les boutiques avec licence pourront continuer à vendre. Tant pis pour les militants historiques de la marijuana, qui avaient investi dans les dispensaires…
Opposition à l’Initiative 502
En novembre 2012, 55,7 % de la population a approuvé cette légalisation lors d’un référendum d’initiative populaire intitulé Initiative 502. La Marijuana est régie vertu des mêmes lois qui interdisent la consommation d’alcool sur la voie publique. Le cannabis sera vendu et taxé dans des commerces autorisés par l’État, toujours sur le modèle du marché de l’alcool. « si vous fumez à la vue de tous, vous êtes sujet à une amende » – ce qu’averti le procureur Peter Holmes de la ville de Seattle. La légalisation de la marijuana à Seattle est en partie technique et d’une liberté théorique; ce qui laisse la majorité des fumeurs exposés au désagrément de la loi :
- Il est interdit de consommer ces produits en dehors de l’Etat de Washington
- Il est interdit de faire pousser des plants de cannabis (sauf dans le cadre de l’usage thérapeutique qui est autorisé à Seattle depuis 1998)
- La conduite sous l’emprise de drogue (DUI) ou d’alcool (> 0,8 g/l) est passible de «felony», clause la plus discutée par les activistes.
L’Initiative 502 a aussi atteint d’autres objectifs : vider les prisons et empêcher la discrimination lors des interpellations (bien souvent raciale). La municipalité demande aujourd’hui la légalisation de la livraison à domicile de marijuana, une pratique qui se développe pour l’instant dans l’illégalité. « Je suis fonctionnaire. La nouvelle loi n’empêche pas les employeurs de soumettre leurs salariés à des analyses d’urine et de les licencier s’ils ont consommé du cannabis. » Affirme Brandon L. Wyatt, avocat
Pour Vivian McPeak, activiste et directeur du Hempfest a voté contre l’initiative 502! Les raisons? Elles sont nombreuses. Pour lui, l’interdiction de cultiver du cannabis pour sa propre consommation est inacceptable, mais la principale raison est l’article sur la driving under the influence (DUI)3. Si un conducteur présente un taux de THC supérieur à 5ng/ml, il est automatiquement condamné pour «felony», crime sérieux aux conséquences lourdes: emprisonnement, déchéances des droits civiques.
Les deux premiers pot shops ont ouvert à Seattle le 8 juillet 2014. Ce jour-là, le procureur Pete Holmes est allé devant les caméras acheter deux sachets de cannabis, « un en souvenir, l’autre pour mon plaisir personnel », dit-il. Près de la moitié du prix d’un joint légal finit dans les caisses de l’État. Depuis 2014, tout adulte vivant dans l’État de Washington peut acheter de la marijuana dans des boutiques spécialisées. Au total, ce sont 354 boutiques qui devraient ouvrir d’ici 2017.