Découverte du « Huaorani Dictyonema », un lichen rare aux propriétés fortement psychédéliques
Une espèce nouvellement découverte de lichens dans les forêts tropicales de l’équateur prouve qu’il n’est pas nécessaire d’être un champignon pour contenir de la psilocybine. C’est le premier lichen connu qui contient cette substance.
Les lichens
Les lichens sont un groupe fascinant, ils existent en raison d’une relation symbiotique entre les algues (ou cyanobactéries) et les champignons.
Le champignon crée un réseau qui soutient, hydrate et protège l’algue, qui fournit à son tour des sucres par photosynthèse. Même si similaire aux plantes, les lichens ne sont pas des plantes, mais des organismes composés.
Ce qui est dans le cas du lichen psychédélique une note assez intéressante, car jamais vu sur le plan « botanique » (la psilocybine étant présente surtout dans les champignons hallucinogènes).
Les Waoranis
Selon un article publié dans The Bryologist, ce lichen fut récemment classé comme ayant des propriétés hallucinogènes. La méthode scientifique exige que les chercheurs soient des choses approfondies ; dans le cas de ce lichen insaisissable et décidément psychédélique, les scientifiques se sont basés sur le témoignage de la tribu qui connaissait son existence, mais comme les chercheurs n’ont pas accès au matériel de référence, ils n’ont pas été capables de déterminer positivement la présence de substances hallucinogènes.
La découverte de cet organisme remonte en 1981, les ethnobotanistes Jim Yost et Wade Davis étaient en mission dans la forêt équatorienne au contact d’un tribu nommée Waorani. Yost avait déjà entendu parler de l’existence de ce lichen particulier, mais n’avait pas réussi a le localiser, pendant ses 7 années d’aventure… En 1983, les ethnobotanistes détaillent leur découverte :
« Au printemps de 1981, alors que nous étions engagés dans des études ethnobotaniques dans l’est de l’Équateur, notre attention a été attirée sur un usage plus particulier des hallucinogènes par les Waoranis, un petit groupe isolé de quelque 600 Indiens. … Parmi la plupart des tribus amazoniennes, l’intoxication hallucinogène est considéré comme un voyage collectif dans le subconscient et, en tant que telle, est un événement par excellence sociale. » – « Le Waorani, cependant, envisage l’utilisation d’hallucinogènes comme un acte antisocial agressif; de sorte que le chaman, ou ido, qui désire projeter une malédiction prend le « médicament » seul ou accompagné seulement par sa femme la nuit dans le secret de la forêt ou dans une maison isolée. … «
Le lichen était si rare que même les waorani avaient perdu sa trace. La dernière fois qu’ils l’ont utilisé, cela remonté « il y a quatre générations », ce qui équivaut à 80 années. Et justement quand le « mauvais » chaman en mangea pour envoyer une malédiction sur les autres Waorani.
Stimulés par la rareté de ce lichen, le duo intensifia leurs efforts et ils ont obtenu leur récompense. Comme guidés par une main invisible, Yost et Davis sont devenus les premiers occidentaux à jeter les yeux sur le monde immatériel du lichen…
En tant qu’enquêteur responsables, ils ont toutefois réussis à conserver un exemplaire unique pour une analyse future.
Huaorani Dictyonema
Il a fallut 3 décennies afin de déterminer que l’ADN de ce lichen appartient bel et bien à une nouvelle espèce. En 2014, une équipe de chercheurs dirigée par Michaela Schmoul baptise le lichen sous l’appellation « Huaorani Dictyonema ».
Ce nom résulte d’une technique appelé la spectrométrie de chromatographie en masse liquide (LS-MS) pour déterminer les composés chimique de son tissu. L’analyse révèle la présence psilocybine, de tryptamine 5-MeO-DMT, 5-MeOT (5-méthoxy tryptamine), 5-MeO-NMT. Cette composition établi le Huaorani Dictyonema comme un spécimen très intéressant, en ce sens que ce cocktail de substance spécifiques n’a jamais été trouvé auparavant dans une plante, un champignon ou un animal.
Cependant les chercheurs conclu que :
« En raison de notre incapacité à utiliser des composés de référence purs et d’une quantité insuffisante de l’échantillon pour l’identification des composés, nos analyses ne sont pas en mesure de déterminer avec certitude la présence de substances hallucinogènes. »
Il semble donc que la recherche de nouvelles espèces potentiellement bénéfiques est de nouveau interrompue par la législation… Cette tendance existe depuis trop longtemps, mais des voix commencent à devenir de plus en plus fortes. Les avantages de nombreuses « plantes » ne peuvent plus être ignorés pour longtemps, nous l’espérons.
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