En France, où en est on en ce qui concerne l’expérimentation du cannabis

Beatric budin act 1

En France, où en est on en ce qui concerne l’expérimentation du cannabis

L’Assemblée nationale a donné son feu vert en 2019 mais depuis ce temps le projet stagne …

Est-ce que les malades sont mis a l’écart ? Le 25 octobre 2019, l’Assemblée nationale française donne son feu vert à une expérimentation pour l’usage médical du cannabis dans le cadre de l’examen du projet de financement de la sécurité sociale pour 2019.. L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) ayant validé le projet , son directeur général pensait, que celle-ci pourrait démarrer fin 2019, cependant trop optimiste, il a été convenu que l’ expérimentation serait remise à Janvier 2020 . Un premier ajournement a eu lieu en mai 2020 pour un démarrage en septembre 2020 et maintenant, sous prétexte de covid, on parle de Janvier 2021.

Plusieurs associations de patients, de médecins sont récemment monté aux créneaux, dans différents médias, pour crier leur indignation. Les problèmes de ces reports successifs sont pourtant simple à comprendre. D’une part, aucun décret n’est paru à ce jour en ce qui concerne cette expérimentation et d’autre part aucun budget n’ a été alloué pour sa réalisation. Il n’est pas certain non plus qu’actuellement le personnel soignant soit suffisamment formé à ce type de thérapie. La Direction générale de la santé assure pourtant, qu’une publication du décret est prévue pour le mois de septembre, médecins et patients, qui eux gardent les pieds sur terre, en doute.

Beatrice B, une des collaboratrices de blog-cannabis, a témoigné sur ce sujet dans le journal Leparisien et nous apporte d’autres précisions.

J’avais déjà émis l’idée que ce 1er report serait suivi d’autre , je ne m’étais pas trompé. Pourquoi ? Encore l’excuse du covid ! c’est un peu court. Il me paraît évident que depuis plus de trente ans les différents gouvernements ont manqué de pertinence en refusant de regarder la réalité en face mais aussi de courage politique et surtout d’humanité, préférant probablement répondre aux exigences des puissants lobbies de l’industrie pharmaceutique où pour plaire à leur électorat . Je rappelle le vieille adage ” quand on veut on peut. “

La France est un des seuls pays européens à être aussi réticent à légiférer au sujet du cannabis médical, il semble qu’il soit plus facile de faire des lois pour sanctionner l’usage simple, avec les amendes, que de parler des vrais problèmes de fond concernant le cannabis thérapeutique. L’Espagne, l’Italie, la Suisse, l’Allemagne, qui sont à nos frontières, ont eux déjà largement avancer sur ce sujet .

Tout laisse à penser, qu’en France la politique des drogues soit mise à mal, voire délaissée. La prévention n’est faite que sur le mode “répressif ” faire peur est leur solution et on constate tout les jours que ça ne marche pas . Il serait peut-être temps d’ envisager une autre approche du sujet, comme donner de l’information objective et développer de façon plus large la réduction des risques et dommages liés à l’usage des drogues .

Nous sommes toujours régis par la loi, dite “loi de 70”, qui interdit d’évoquer une drogue sous un jour favorable. Le cannabis étant toujours considéré comme telle, difficile de faire accepter une autre vision de la plante et de parler du vecteur thérapeutique si il est toujours impossible de faire état de ses bienfaits, prouvés et validés à l’étranger, sans se mettre en porte à faux avec celle-ci. Il faudrait quand même que nos législateurs prennent conscience que depuis 50 ans la société à évoluer !

Pendant ce temps là des malades sont en souffrance, ils attendent et espèrent. Les reports décidés par ” le sommet ” sont perçus par les patients comme un déni de leur existence, une non-reconnaissance de l’urgence leur situation et aussi pour certains comme une mise en danger de leur vie. Quand aux médecins, ils restent dans l’impasse face aux demandes justifiées venant de certains de leurs patients en échec thérapeutique . Que leur répondre, que dire face à leur désarroi.

Il est possible que cette expérimentation soit une avancée, elle reste néanmoins trop limitée puisque dans les faits il n’y a que 3000 “places”, sur environ 15000 patients qui souhaiteraient y avoir accès pour raison médicale reconnue. Comment et sur quels critères le ” triage ” sera fait ? difficile de répondre, à l’heure actuelle personne n’ose répondre à cette question … Une chose est sûre c’est que beaucoup resteront sur le carreau, sans autre solution que de vivre dans la clandestinité ou l’illégalité, c’est injuste et inacceptable. Nous ne voulons plus être considérés comme des délinquants !

UFCM-I Care @BertrandRambaud

Que dire de l’approvisionnement et du prix ?

Actuellement , la culture du chanvre supérieur à 0,2% de thc étant interdite, il semblerait que l’élaboration d’un cannabis thérapeutique made in “France ” soit compromise par manque d’anticipation au niveau législatif. De ce fait l’ANSM n’a que 4 mois, si elle souhaite respecter la date de janvier 2021, pour lancer des appels d’offres sur le marché international. La France va donc devoir se tourner vers l’étranger, il faudra en plus compter sur la générosité des fournisseurs, le budget étant égal à zéro. Un problème épineux , autant croire au père noël.

Il ne reste plus qu’à être attentif à l’évolution de la situation en ce qui concerne le cannabis médical, il est probable que nous en saurons plus dans le courant de la semaine qui vient, le 16 septembre les députés de la mission parlementaire sur le cannabis thérapeutique doivent publier leurs recommandations .

Pour les médecins, il faudra donc encore attendre et espérer que la situation puisse évoluer dans les plus bref délais.

Pour les patients, qui eux continuent de vivre avec leurs maux, c’est l’écœurement, par manque de “places” bons nombres devront patienter et essayer de continuer à vivre en supportant non seulement la maladie mais aussi la stigmatisation sociétale et les conséquences de la loi c’est à dire, la répression policière et les risques judiciaires encourus .

Se battre pour faire respecter un droit fondamental comme celui de se soigner, un vrai paradoxe au pays des droits de l’homme.

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