La Catalogne : capitale européenne du cannabis

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La Catalogne : capitale européenne du cannabis

L’Espagne devient la plaque tournante du cannabis, tandis que les criminels comblent le vide touristique

Avec des marges bénéficiaires élevées et un faible risque de longues peines de prison, la Catalogne est désormais la capitale européenne de la marijuana, selon la police. Le décor est celui d’une boîte de nuit chic qui rencontre la fumerie d’opium turque. L’éclairage, rose tendre et bleu électrique. Et, sans la douce odeur de la marijuana, ce pourrait être le hall d’un hôtel-boutique de Las Vegas. En fait, c’est l’un des 156 clubs de cannabis de Barcelone, connus sous le nom d’asociaciónes. rapporte le journal « The Guardian ».

Avec l’effondrement du tourisme, le commerce du cannabis est l’un des rares à prospérer en Catalogne

L’idée était de créer un endroit tranquille où l’on pouvait acheter et fumer de la marijuana, souvent cultivée par des membres, et uniquement sur place. Cependant, beaucoup sont maintenant des commerces et, selon la police, des façades pour les mafias de la drogue. Avec l’effondrement du tourisme, le commerce du cannabis est l’un des rares à prospérer en Catalogne. Au-delà des faibles lumières et de l’ambiance glaciale des associations, des forces plus sombres sont en jeu. Un rapport interne des Mossos d’Esquadra, la police catalane, affirme que “la Catalogne est l’épicentre du marché illégal de la marijuana en Europe” et est devenue un exportateur de cannabis vers d’autres pays européens.

Avec des profits élevés et peu de risques, les peines de prison dépassent rarement deux ans, les gangs d’Europe se battent entre eux pour contrôler le marché, selon le rapport. L’année dernière, la police a démantelé 34 organisations criminelles liées au cannabis et détruit 319 plantations.

Le rapport indique que l’acceptation sociale du cannabis, les zones rurales dépeuplées et les nombreux appartements vides facilitent la création de plantations. La police a découvert des plantations intérieures avec un système d’irrigation automatisé, des thermostats télécommandés et même des plantes inodores pour éviter d’être détectées. Dans la province de Lleida, un groupe de cultivateurs a utilisé un drone pour repérer les plantations rivales, qu’ils ont ensuite détruites.

Des prix bas et un cadre juridique ambigu ont fait de l’Espagne le principal producteur européen de marijuana, a déclaré à l’Observer Ramon Chacon, chef adjoint de la brigade criminelle.

“Quand on regarde ce qui est arrivé à d’autres pays qui sont les principaux producteurs de drogue, comme le haschisch au Maroc ou la cocaïne en Colombie, il y a de quoi s’inquiéter”, a-t-il déclaré. Pendant des années, l’Espagne a été le point d’entrée du haschisch marocain. Le réseau de distribution était donc en place lorsque le boom de la marijuana a commencé, tout comme la contrebande de tabac en Galice, dans le nord-ouest de l’Espagne, a créé une infrastructure pour l’importation de cocaïne.

5 € le gramme, contre une moyenne européenne de 15 €

En Espagne, la marijuana se vend 5 euros le gramme, contre une moyenne européenne de 15 euros. Selon R. Chacon, des organisations criminelles de toute l’Europe, qui achetaient autrefois en Espagne pour vendre chez elles, se sont désormais installées comme producteurs en Catalogne.

La police détruit plus d’un million de plants par an, principalement en Catalogne mais R. Chacon a déclaré que cela ne sert pas à grand-chose. Si les profits ne sont pas à portée de main, le blanchiment d’argent et la corruption qu’il entraîne “constituent une menace pour l’économie réelle et la qualité de la démocratie en Catalogne”, selon Eduard Sallent, le chef des Mossos.

M. Chacon a déclaré que la police n’avait aucune objection à la consommation privée à la maison ou dans les clubs, ce qui est légal. Cependant, comme les clubs sont autorisés à produire en proportion de leurs membres, il a déclaré que les mafias ont créé des associations de façade pour justifier la légalité de leurs plantations. Les clubs de cannabis existent depuis des années mais ont proliféré après la ratification par le Parlement catalan d’une loi en 2017, annulée depuis par la Cour suprême, déclarant que “la consommation privée de cannabis par des adultes … fait partie de l’exercice du droit fondamental au libre développement personnel et à la liberté de conscience”.

Les associations existent dans un flou juridique. Eric Asensio, secrétaire de la Fédération catalane des associations de cannabis, a déclaré que la fédération souhaitait revenir à l’esprit de la loi de 2017. Asensio reconnaît que le crime organisé exploite le modèle associatif. “Ces dernières années, nous avons vu des gens motivés par le profit, plutôt que par l’esprit du mouvement du cannabis, profiter de l’ambiguïté des réglementations”, a-t-il déclaré.

La Catalogne est désormais la capitale européenne du cannabis, prévient la police

Environ 70 % de toutes les associations espagnoles se trouvent en Catalogne, où la consommation de cannabis est plus élevée que dans le reste du pays, selon une enquête du Plan national antidrogue. La Catalogne accueille également Spannabis, le salon international du cannabis.

Une étude des associations de Barcelone, réalisée par le Journal of Drug Issues, a révélé qu’environ 70 % des membres sont des hommes et que près de la moitié d’entre eux ont fait des études universitaires. Dix pour cent ont déclaré fumer à des fins médicales, tandis que la moitié des membres féminins ont déclaré utiliser de la marijuana pour atténuer les crampes menstruelles.

Pour beaucoup, les associations sont un refuge et une oasis de calme. En se reposant sur le canapé bleu, on oublie facilement que ce coin paisible de la ville fait aussi partie d’une narco-économie mafieuse.

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