Richard Branson : Repenser les lois sur les drogues dans un nouveau contexte mondial

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Richard Branson : Repenser les lois sur les drogues dans un nouveau contexte mondial

Le patron de Virgin a publié une chronique spéciale appelant les membres du CND à approuver les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé

«J’espère que le comité se tiendra du bon côté de la science, de la santé publique et de l’histoire», a-t-il déclaré sur le blog Virgin. Alors qu’une grande partie de l’attention du monde se concentre sur les suites de l’élection présidentielle américaine et la transition du pouvoir au président élu Biden, j’ai été enthousiasmé de voir certains des autres résultats de l’élection américaine de cette année. Les électeurs de plusieurs États ont adopté des réformes raisonnables de la politique en matière de drogue qui changeront considérablement la vie des gens, allégeront le fardeau des systèmes de justice pénale, amélioreront la santé publique et, en fin de compte, sauveront des vies.

En Arizona, au New Jersey, au Montana et au Dakota du Sud, les électeurs ont approuvé la vente réglementée de cannabis à usage récréatif, poursuivant ainsi une tendance qui dure depuis plusieurs années, portant à 15 le nombre total d’États américains autorisant le cannabis à usage récréatif.

La population de l’Oregon a franchi une étape importante et a soutenu une initiative de vote visant à dépénaliser la possession de petites quantités de toutes les drogues actuellement illégales pour l’usage personnel. Cette initiative a suivi les traces du Portugal, où la dépénalisation en 2001 a entraîné une baisse spectaculaire du nombre de décès liés à la drogue, ainsi que des infections comme le VIH et l’hépatite C.

L’échec de la guerre contre les drogues n’a absolument pas contribué à faire reculer le commerce illégal

Les nouvelles en provenance de l’Oregon montrent que les électeurs et les décideurs politiques prennent enfin conscience de la sinistre réalité de la politique en matière de drogue, comme d’habitude. Après près de six décennies de prohibition et de criminalisation implacable des consommateurs de drogues, l’échec de la guerre contre les drogues n’a absolument pas contribué à faire reculer le commerce illégal des drogues. Ce commerce mondial représente au moins 350 milliards de dollars par an et est entièrement contrôlé par des organisations criminelles. Les guerres de la drogue ont coûté des millions de vies et gaspillé des milliards de dollars en ressources publiques. Pour aggraver les choses, l’arrivée de nouvelles drogues plus puissantes comme le fentanyl a entraîné de nouveaux pics d’overdoses et de décès liés à la drogue dans le monde entier, ce qui montre une fois de plus qu’une attitude dure à l’égard des drogues, qui fait passer la répression et les poursuites avant la santé publique, ne donne aucun résultat.

Au cours des neuf dernières années, j’ai eu le privilège d’être membre de la Commission mondiale sur la politique en matière de drogues, un groupe de haut niveau composé d’anciens dirigeants de gouvernements, de la société civile et du monde des affaires. Mes collègues commissaires et moi-même avons longtemps soutenu que la seule solution pour endiguer la marée est de donner la priorité à la réduction des risques et de promouvoir la dépénalisation et, mieux encore, la vente réglementée de certaines, voire de toutes les drogues actuellement illégales.

Le célèbre propriétaire de Virgin s’est aussi prononcé en faveur du cannabis devant un auditoire essentiellement composé d’entrepreneurs et investisseurs, tout en offrant une recommandation inhabituelle aux parents.

L’ONU pourrait reconnaître que le cannabis est médicalement bénéfique

La semaine prochaine, les États membres des Nations unies se réuniront à Vienne pour une importante session de la Commission des stupéfiants (CND), le forum intergouvernemental où se déroulent les discussions sur l’orientation et le contenu de la politique mondiale en matière de drogues. Le point à l’ordre du jour est un vote sur la reclassification du cannabis. Ce qui semble être un exercice bureaucratique fastidieux a une énorme importance pour la correction d’une erreur historique préjudiciable. Pendant des décennies, sans fondement scientifique crédible, le cannabis a été inscrit sur la liste des substances ayant une valeur médicale ou thérapeutique négligeable et considérées comme aussi nocives que l’héroïne ou la cocaïne.

Après un examen scientifique attendu depuis longtemps, l’Organisation mondiale de la santé a recommandé une reclassification limitée qui reconnaîtrait au moins l’énorme potentiel thérapeutique du cannabis. Un vote positif en faveur du retrait du cannabis de la liste la plus stricte indiquerait que le système international de contrôle des drogues, traditionnellement un moteur des politiques répressives en matière de drogues, pourrait être en mesure de refléter les réformes toujours plus rapides qui se produisent sur le terrain. J’espère que la CND se rangera du bon côté de la science, de la santé publique et de l’histoire.

Recommandations de l’OMS sur le cannabis et les substances liées au cannabis

  • 5.1 Supprimer le cannabis et la résine de cannabis du tableau IV de la Convention de 1961
  • 5.2.1 Ajouter le dronabinol et ses stéréo-isomères (delta-9-THC) à Annexe I de la Convention de 1961
  • 5.2.2 Si le point 5.2.1 est adopté : Supprimer le dronabinol et ses stéréo-isomères (delta-9-THC) du tableau II de la Convention de 1971
  • 5.3.1 Si le point 5.2.1 est adopté : Ajouter le tétrahydrocannabinol à l’annexe I de la Convention
  • 5.3.2 Si le point 5.3.1 est adopté : Supprimer le tétrahydrocannabinol de l’annexe I de la Convention de 1971
  • 5.4 Supprimer les extraits et teintures de cannabis de Annexe I de la Convention de 1961
  • 5.5 Ajouter une note de bas de page sur les préparations de cannabidiol à L’annexe I de la Convention de 1961 doit se lire comme suit “Préparations contenant principalement du cannabidiol et pas plus de 0,2 % du delta-9-tétrahydrocannabinol ne sont pas sous contrôle international”.
  • 5.6 Ajouter les préparations contenant du dronabinol, produit soit par synthèse chimique, soit sous forme de préparations de cannabis qui sont composés comme des produits pharmaceutiques les préparations avec un ou plusieurs autres ingrédients et en de telle sorte que le dronabinol ne peut être récupéré par moyens facilement disponibles ou dans un rendement qui constituent un risque pour la santé publique, à l’annexe III de la Convention de 1961

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